Cuisine et Dépendances
Un film de Philippe Muyl
D’après la pièce d’Agnès Jaoui et Jean Pierre Bacri
Avec Agnès Jaoui, Jean-Pierre Bacri, Jean-Pierre Daroussin, Zabou Breitman, Sam Karmann…
Pour qui connaît le talent du duo Jaoui-Bacri (Comme une image, Le goût des autres), ce film n’est plus à présenter.
Adapté de leur propre pièce à succès, Cuisine et Dépendances est l’exemple d’une réussite de la scène à l’écran.
Il raconte l’histoire d’un couple, Martine et Jacques, relativement sans histoire, plutôt monotone, qui invite un soir un de leurs anciens amis devenu célèbre, sa femme, Charlotte, également ex-amie. Se trouvent également présents Georges, irascible ami résident temporairement chez le couple, et le frère de Martine, Fred, joueur invétéré et constamment embrouillé dans des affaires de dette de jeux.
Les invités tardant à arriver, l’ambiance commence alors à se dégrader, et le feu d’artifice des rancoeurs et mots oubliés ne fait que commencer.
La qualité du film doit évidemment beaucoup, si ce n’est presque tout à l’excellence du scénario d’Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri, par ailleurs également interprètes du film. Son rythme et les dialogues ciselés, acerbes sont réellement magnifiques. On rit beaucoup car les mots font mouche naturellement. Et les comédiens y prennent un plaisir manifeste.
Le film heureusement ne s’est pas résumé à un festival de portes qui claquent, comme on trouve malheureusement parfois lors des adaptations au cinéma de pièces de théâtre. La subtilité de Philippe Muyl, qui a très bien joué avec les espaces confinés qui lui étaient offerts ici, garde constamment le spectateur en éveil. Le décor était évidemment un élément primordial pour rendre l’atmosphère particulière de ce dîner qui tourne plutôt mal.
L’action se déroule essentiellement dans la cuisine et dans le couloir, ce long couloir où les gens se croisent, qui mène de la cuisine au salon. Un couloir le long duquel chacun essaye de se débarrasser de sa mauvaise humeur pour paraître ravi d’être là et faire bonne figure devant l’ami devenu célèbre, qui focalise l’attention des hôtes et des invités.
Les comédiens nous livrent tous le meilleur d’eux-mêmes, on retiendra la performance étincelante de Jean-Pierre Bacri, irascible à souhait, détonateur de conflits, dont la sincérité déconcerte ses amis. A ses côtés, Jean-Pierre Daroussin, Sam Karman, Agnès Jaoui et Zabou Breitman sont également excellents.
La cuisine est le refuge pour les pleurs, les disputes, boire un verre ou chercher à fuir. Un lieu de retrouvaille également entre Georges et Charlotte, ex-amants qui ne s’étaient plus vus depuis 10 ans. Les rancoeurs peuvent enfin s’exprimer, tout comme les regrets, ceux de Martine qui n’est « que » mère de famille alors que Charlotte a réussit dans son travail et, bien que son couple soit factice, semble avoir trouvé un équilibre dans sa vie.
Cuisine et Dépendances est une excellente adaptation d’une pièce de théâtre très réussie.
Un film à découvrir pour ceux qui aiment l’écriture d’Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri, et pour ceux qui aiment les bonnes comédies.
Arnaud Meunier
22/08/2005